2009

Sérigraphies

chamb

Autoportrait au miroir d'Albert Chambonnet
1942-1943

grisaille sérigraphiée sur verre et teint.
2009

Albert Chambonnet
né le 4 octobre 1903
fusillé le 27 juillet 1944
Alias Garros, Védrines, Didier, Arnold, Logarithme

 

Fils d'un mineur de Bessèges, Albert Chambonnet avait préparé ses examens alors qu'il était ajusteur dans un garage. Après avoir été l'un des meilleurs élèves de l'Ecole d'application d'Aéronautique, il s’est engagé dans l'armée de l'Air. En 1937, il sert à la Direction du matériel aérien militaire au Ministère de l’Air dirigé par Pierre Cot. Après la débâcle de 1940, Albert Chambonnet entre dans un des premiers mouvements de résistance, le Coq Enchaîné. Affecté en mars 1942 à la base aérienne de Bron, il entre, par l’intermédiaire du capitaine d’aviation Claudius Billon, dans le mouvement Combat que dirige Henri Frenay. Chambonnet est alors chargé d'organiser la résistance à la base de Bron. Au mois de juillet 1942, il est désigné comme chef d’état-major régional de l’Armée secrète (AS), sous le pseudonyme de Védrines.

Il entreprend de coordonner l'action des mouvements de résistance Combat, Libération et Franc-Tireur dont les groupes paramilitaires forment l’AS. Au début du mois de février 1943, le capitaine Billon est arrêté par la Gestapo. Il est remplacé par Robert Ducasse, alias "Vergaville", qui conserve Chambonnet comme chef d’état-major, puis le nomme sous-chef régional des départements de l'Ain, du Jura, de la Saône et Loire. Au mois de mai, il participe à la création des MUR (Mouvements Unis de Résistance).
En octobre 1943, Albert Chambonnet remplace Robert Ducasse arrêté par la gestapo. Sous le pseudonyme de Didier, il devient le chef régional de l'AS. Il est arrêté le 10 juin 1944 et est fusillé en place publique à Lyon avec quatre autres résistants le 27 Juillet 1944. Son corps massacré est resté exposé aux yeux des passants durant plusieurs heures.

aubrac


Lucie et Raymond Aubrac
autoportrait au miroir - rue Pierre Corneille, 1941

grisaille sérigraphiée sur verre et teint

Lucie Aubrac - née Lucie Bernard le 29 juin 1912
Alias Catherine dans la Résistance

Raymond Aubrac - né Raymond Samuel le 31 juillet 1914
Alias Balmont,Vallet, Ermelin, Aubrac dans la Résistance

L'histoire de Lucie et Raymond Aubrac est tout à la fois celle de résistants qui ont joué un rôle majeur pour la libération de la France et celle d'un grand amour.
Lucie, comme rarement un prénom a été en harmonie avec la personne qui le porte. D’un caractère gai, enjoué voire extraverti, Lucie, jeune militante engagée, avait su conquérir l’amitié et l’estime de ses camarades du Quartier Latin. En 1939, nommée professeur d'histoire au lycée des Pontonniers à Strasbourg, elle rencontre un jeune ingénieur de retour d'un voyage d'études au MIT et à Harvard aux États-Unis. Raymond Samuel venait d'être affecté au 1er régiment du Génie de Strasbourg.
Le 14 mai est resté pour le jeune couple une date fétiche, celle des premiers pas amoureux, des pas qui ont dessiné un chemin durant 67 ans.
Le 14 décembre 1939, Robert Jardillier, maire de Dijon célébrait l’union de Lucie et Raymond. Et quelques mois plus tard naissait leur premier enfant, Jean-Pierre.
Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Lucie et Raymond Aubrac vont être à l'origine du mouvement de résistance Libération Sud.
A chaque incarcération de Raymond Aubrac, soit trois entre 1940 et 1943, Lucie a revêtu le costume d’Ariane pour l’aider à retrouver la liberté. L'évasion la plus spectaculaire reste celle du 21 octobre 1943. Arrêté par Klaus Barbie le 21 juin 1943 à Caluire avec sept autres compagnons dont Jean Moulin, Raymond Aubrac est libéré lors d'un transfert grâce à l'intervention d'un groupe franc dirigé par Lucie Aubrac.
Par la suite Raymond Aubrac a été Commissaire de la République de la région de Marseille, responsable du déminage de la France, engagé dans la coopération internationale, négociateur secret d'accords de paix lors de la guerre entre les États-Unis et le Vietnam.
Lucie Aubrac désignée en 1944 comme membre de l’Assemblée consultative d'Alger va reprendre après guerre son activité d'enseignement jusqu'en 1975. Depuis, inlassablement, Lucie Aubrac a sillonné les écoles, du primaire à l’université, pour raconter ce que furent l’Occupation et la Résistance. Elle est décédée en 2007.

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Robert Ducasse (dit Kari)
Né le 16 mars 1913 à Montilly
Fusillé au Camp de Souge le 1er août 1944
alias Honoré, Vergaville, Gelucourt, Guermanche, Mercier, Postulat, Delarase, Fabert, Gamma.

« Nos camarades du Quartier Latin ont souvent été, dans les régions du sud de la France, les premiers responsables des formations de l’Armée Secrète de « Libération ». Ainsi notre ami Kari, centralien, officier de marine, fils d’un pasteur exerçant son sacerdoce à Dieuze en Moselle, (…) grand garçon silencieux, athlétique, un peu mystérieux même pour ses proches, avait été de toutes nos aventures d’étudiants. (…) C’est lui qui nous convoquait la nuit, sous la coupole de l’Observatoire à Paris, pour nous initier à la connaissance du ciel. Il faisait de merveilleuses photos. Aussi bon marin que bon randonneur, il était le meilleur ami qui soit. Mais il avait ses jardins secrets que nous ne pouvions explorer ».
Dans ce portrait de Robert Ducasse, inconnu du grand public, on sent toute l'amitié que lui portait Lucie Aubrac. Ancien élève de l’Ecole Centrale, ingénieur en Optique, Robert Ducasse avait rejoint le Mouvement de résistance Libération Sud fondé par Emmanuel d’Astier et Lucie Aubrac dès le début 1941. Durant quelques mois à partir de janvier 1942 il a intégré le radio-journal du gouvernement de Vichy. Les auditeurs de la matinale se sont alors émerveillé en écoutant ses chroniques scientifiques dont les titres invitaient au rêve : « Les Açores, l’Atlantide », « Du pollen de 6000 ans dans les glaciers », « La notion de temps chez les abeilles et les fourmis », « Odorat des chiens, des papillons, vue des buses ».

L’activité de Robert Ducasse ne se limitait pas à la seule évocation des mystères de la nature et de la science. Bénéficiant en première main des informations transmises depuis Londres, Moscou, New-York, Berlin, il menait une intense activité d’espionnage et participait au sauvetage des juifs : "(…) Robert (Ducasse), officier de Marine à Vichy faisait beaucoup d'espionnage et fournissait de fausses cartes d'identité. Lucien Arbomont est allé à Lyon prendre 40 cartes d'identité que lui avait apportées Robert Ducasse pour les Juifs étrangers de passage à Aix. (…)Tous ces événements ont eu lieu après le 11 novembre 1942 ".

Fin 1942, avec Raymond Aubrac il participe à la récupération des armes de l’Armée d’Armistice, devient responsable de la région de Lyon avant d’être arrêté par la gendarmerie allemande le 19 octobre 1943. Evadé lors de son transfert en Allemagne, il est envoyé en avril 1944 à Bordeaux pour réorganiser les FFI dont la direction avait été décimée par la Gestapo. Arrêté le 22 juin dans des conditions troubles, il est fusillé clandestinement au Camp de Souge le 1er août 1944 avec 49 autres résistants.

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Joseph Epstein, Paula Epstein et leur fils Georges Duffau-Epstein
grisaille sérigraphiée sur verre
deux éléments, 95 cm x 67 cm chaque élément
2009

Joseph Epstein
né à Zamosc (Pologne) le 16 octobre 1911
Fusillé au Mont Valérien le 11 avril 1944
Alias Jurek, Jacek, Andrej, André, Estain, Gilles, Duffau

"Joseph Epstein, l'homme qui, de loin, est le plus grand de nos officiers de toute la France, le plus grand tacticien de la guerre populaire, est inconnu du grand public. De tous les chefs militaires, il fut le plus audacieux, le plus capable, celui qui donna à la Résistance française son originalité par rapport aux autres pays d'Europe. "
Albert Ouzoulias,
Commissaire militaire national des Francs-Tireurs Partisans Français

Joseph Epstein est né dans une famille juive aisée (son père était directeur d’une briqueterie) et apparenté au grand écrivain yiddisch I.L. Peretz, mais son enfance est marquée par les destructions, les invasions successives, la misère, les pogroms. A l'heure de la grande guerre, la révolution bolchevique de 1917 lui apparaît comme l'annonce d'un avenir de paix.
Fidèle à l'esprit de la révolutionnaire Rosa Luxembourg qui naquit à Zamosc dans la même rue que lui, il participe à la mise en place du Parti Communiste polonais et se lie avec les « ouvriers de son père pour les organiser dans leurs luttes revendicatives ». La Pologne ayant adhéré au modèle national-socialiste allemand, la répression contre les antifascistes y est devenue de plus en plus violente et bien que fils de bonne famille Joseph Epstein fuit son pays pour la France en 1931.
Dès les premiers jours d'août 1936, anticipant sur la création des Brigades Internationales, il combat aux côtés des Républicains espagnols contre les troupes franquistes. Il est rapatrié après une blessure et organise alors l'envoi d'armement pour soutenir les Républicains. En 1938, il repart au front et participe comme lieutenant d'artillerie à la bataille de l'Ebre. De retour en France, il s'engage dans la légion pour combattre contre les troupes allemandes durant la drôle de guerre, puis il est fait prisonnier et interné au camp de Gurs d'où il s'évade. En 1943, il prend la tête des Francs-Tireurs Partisans français de la région Parisienne.

La Gestapo l’a arrêté le 16 novembre 1943 à Évry-Petit-Bourg alors qu’il attendait Missak Manouchian. Torturé pendant plusieurs semaines, il ne révéla pas son identité et fut fusillé le 11 avril 1944 sous le nom de Joseph Andrej.