Archéologie de l'architecture, de l'enfance, de l'histoire, du corps, des temps
Installation
Empreinte en verre d’un lit d’enfant ancien en fer forgé (130 cm x 60 cm x 80 cm), cristallisation d'une paire de torchères XVIIIème en bois (63 cm), cristallisation de trois cadres de miroir en bois (22 x 26 cm – 24 x 28 cm – 30 x 42 cm)
Maître verrier Olivier Juteau 2021.
©Pascal Convert, Paris
Rien n’est plus fragile à voir que ce lit fait de courbes en verre légèrement perlées de sable blanc, empreintes miraculeuses des arabesques en fer forgé qui dessinent une cage protectrice autour d'un sommeil d'enfant. Dans ce lieu que l’on imagine innocent, loin des remous du monde, dans un battement de lumière, « vit la vie, rêve la vie, souffre la vie (1) ».
D’un côté, veilleurs devenus éternels, des candélabres aux rugueuses aspérités de cristal scellent dans le verre la flamme éblouissante des bougies dont les reflets, devenus intérieurs, n’éclaireront plus les fenêtres une fois le soleil couché.
De l’autre, des encadrements de miroir cristallisés en verre ne renvoient plus les multiples images de soi mais découpent des écrans, ouverts comme des livres.
Cette chambre, d’une transparence immobilisée dans le rêve, entre l’envol et l’enclos, présente et absente, abrite ainsi le sentiment frémissant d’une conscience intérieure.
« L'art est une véritable transmutation de la matière. La matière y est spiritualisée, les milieux physiques y sont dématérialisés, pour réfracter l'essence, c'est-à-dire la qualité d'un monde originel. (2) »
(1) Charles Baudelaire, Les fenêtres, in Petits poèmes en prose, 1869.
(2) Gilles Deleuze, Marcel Proust et les signes, Presses universitaires de France, Paris, 1964, p. 42.
Pascal Convert
Les trois anges
Verre 156 x 110 x 4 cm
Maître verrier Olivier Juteau
2007-2010
©Pascal Convert
Collection de l’artiste.
En 2007, Pascal Convert a réalisé pour l’abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois, près de Nantes, quatorze vitraux, quatorze baies inspirées de photographies d’enfants internés, prises au début du XXème siècle. Dans cette œuvre unique en bas-relief négatif, titrée Les trois anges (2009), Pascal Convert rompt l’isolement des enfants en associant trois des figures de jeunes filles initialement séparées dans la Revue photographique des hôpitaux (1905) comme dans les baies des vitraux à Saint-Gildas-des-Bois. Immobiles, leurs mains se touchant à peine, elle nous regardent alors même que leurs yeux sont clos. L’une d’elle semble vouloir s’avancer vers nous. « Ces figures terriblement présentes, comment peuvent-elles l’être tant alors que rien n’est fait pour donner l’illusion de corps opaques, de chair et d’os ? Pourquoi produisent-elles un si puissant sentiment de vie ? Car, il vaut de le faire remarquer, ces enfants ne peuvent à aucun moment être crus morts : ils se dressent, ils dévisagent. Ils veillent. (…) Chacune appelle un long regard, des interrogations ou des rêveries. Ceci pourrait être appelé le roman de chaque visage » (Philippe Dagen, Des êtres humains que rien ne peut faire disparaître, in Pascal Convert, Abbatiale de Saint-Gildas-des-bois, éd. du Patrimoine, 2009).
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