Archéologie de l'architecture, de l'enfance, de l'histoire, du corps, des temps
"Des êtres humains que rien ne peut faire disparaitre"
par Philippe Dagen
Un travail d’équipe
Ancienne abbatiale d’un monastère bénédictin fondée en 1026 par les seigneurs de La Roche-Bernard, l’église de Saint-Gildas-des-Bois est considérée à juste titre comme l’une des plus belles églises romanes de notre région. Si, à l’instar de bien des édifices religieux, elle a été particulièrement éprouvée par la Révolution Française et les conflits résultant de la séparation de l’Eglise et de l’Etat , ce sont les terribles bombardements de 1944 , lors de la poche de Saint-Nazaire, qui ont eu raison de l’abbaye et de ses vitraux, tous détruits à l’époque. En 2003, à l’initiative d’André Trillard, sénateur maire de Saint-Gildas-des-Bois, une commission est créée pour redonner à l’ancienne abbatiale du XIIème siècle des verrières dignes de son passé historique, compatibles avec celles de Maurice Rocher posées en 1956. Elle regroupe des élus, des représentants des instances du Ministère de la Culture au nombre desquels Norbert Duffort, directeur des Affaires culturelles des Pays de la Loire, des représentants de la paroisse et du diocèse et l’écrivain Jean Rouaud originaire de la région. Au terme de deux ans d’études et démarches diverses, la commission confie le projet à Pascal Convert, plasticien, auteur du Monument aux Fusillés du Mont Valérien et de sculptures de cire d’après des photographies de presse comme la « Madone de Benthala » d’Hocine.
Une création originale
À Saint-Gildas, Pascal Convert a de nouveau mis en œuvre la transformation de figures en un matériau, en l’occurrence le cristal. Il s’inspire de photographies médicales d’enfants aliénés prises à la fin du XIXème siècle à des fins scientifiques et projette de les convertir en vitrail. Dans un premier temps, les photographies sont développées en bas-relief de plâtre, aux dimensions de la baie de l’église, par le sculpteur Claus Velte, un des collaborateurs les plus fréquents de Pascal Convert. Les sujets apparaissent alors en relief. Intervient ensuite le travail du maître verrier Olivier Juteau, qui consiste à faire fondre des morceaux de cristal dans des moules confectionnés à partir des sculptures originales. Jean-Dominique Fleury maître verrier a coordonné l’ensemble des travaux jusqu’à la pose finale. L’effet obtenu est saisissant. Chaque enfant en creux dans la dalle de cristal, vous suit du regard avec une insistance muette et émouvante. Indépendamment de l’impact émotionnel sur l’âme du visiteur tous par leur présence rappellent les vertus thaumaturgiques de Saint-Gildas imploré en ce lieu au Moyen Âge pour la guérison des aliénés.
Dans le cadre de la commande publique
Depuis 1983, date de création du fonds de la commande publique, la réflexion autour de la production d’oeuvres d’art dans l’espace public a beaucoup évolué. Une collaboration étroite entre la Délégation aux Arts plastiques, la Direction de l’Architecture et du Patrimoine et le clergé a permis d’initier un ensemble de commandes qui visent à mettre en valeur le patrimoine architectural, par l’introduction de l’art contemporain au sein d’édifices religieux. Ainsi de nombreuses réalisations de vitraux nés de collaborations fructueuses entre un artiste et un maître verrier, ont permis de renouveler ce médium privilégié de l’art sacré. À Saint-Gildas-des-Bois, le coût du projet s’est élevé à 300 000 euros, dépassant les moyens de la commune et n’a pu être mené à bien que grâce au concours financier du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Région des Pays de la Loire, du Conseil général de Loire-Atlantique et au mécénat de Gaz de France et du Crédit Agricole.
Remerciements
Au
Ministère de la Culture et de la Communication,
à
Norbert Duffort, Conseiller pour les Arts Plastiques de la Direction Régionale des Affaires Culturelles
Jean-Paul Jacob, Directeur régional des Affaires Culturelles,
Luc Caudroy, Conservateur Régional des Monuments Historiques,
Pascal Prunet, Architecte en Chef des Monuments Historiques,
Alain Tournaire, Architecte des Bâtiments de France,
aux membres du Comité Artistique,
Patricia Bertin, Jean-François Legrand, Amédée Brisson, Jean Macel, Jean Lelievre, Joëlle Guegan, Alain Tournaire, Jean Rouaud,
à M. l’abbé Baudry et M. l’abbé Bourget de la paroisse de Saint-Gildas-des-Bois, M. l’abbé Tremblay de la Commission Diocésaine d’Art Sacré,
à la Délégation Régionale de Gaz de France en la personne de Louis Savary, et du Crédit Agricole, au travers de Georges Gilloteau et Alain Blanchard,
à
Bernard Renoux,
Jean-Dominique Fleury,
Olivier Juteau,
Klaus Velte,
Philippe Dagen,
Georges Didi-Huberman,
Partrice Vermeille.
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